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Centre d'Information sur les Institutions Européennes

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Centre d'Information sur les Institutions Européennes (CIIE)

 

Trois engagements majeurs marquent la vie de Louise Weiss : l’Europe, le féminisme et le journalisme.

Dès 1915, elle débute une carrière de journaliste au journal Le Radical sous le pseudonyme de Louis Franc. En 1919, elle fut correspondante à Prague de l’Information. Ceci lui permet de rencontrer la nouvelle classe politique tchécoslovaque issue de l’indépendance du pays. Elle se rend également en Union soviétique où elle rencontre les principaux dirigeants.

Dès la création de sa revue L’Europe Nouvelle (1918), Louise Weiss s’intéresse au droit de vote des femmes. Elle estime que l’accession des Françaises au suffrage permettrait d’empêcher une nouvelle guerre. En 1934, après avoir quitté la direction de sa revue, elle prend contact avec les responsables des mouvements suffragistes afin d’établir un programme commun. Elle crée un mouvement de propagande “La Femme nouvelle” qui organise de nombreuses manifestations. Louise Weiss présente sa candidature symbolique aux élections municipales de 1935 et aux élections législatives de 1936. En 1935, plus de 16 000 bulletins de vote sont déposés en sa faveur. Le vote d’une loi en faveur du suffrage féminin échoue finalement en raison de l’hostilité du Sénat. Le droit de vote ne sera accordée aux Françaises qu’en 1944.

Après la Seconde Guerre mondiale, elle coopère avec le sociologue Gaston Bouthoul, le fondateur de la polémologie et étudie par ses voyages à travers le monde les racines des différents conflits qui surviennent dans le contexte Est-ouest et des guerres coloniales. Elle ramène plusieurs récits de voyage publiés sous la forme de romans, de documentaires ou de guide de voyage (collection des Guides bleus). En 1965, Louise Weiss devient secrétaire générale de l’Institut français de polémologie (fondé par Gaston Bouthoul) qu’elle quittera en 1970 pour fonder à Strasbourg, en 1971, l’Institut des Sciences de la Paix.

Pour honorer ses origines alsaciennes, elle fait don avant sa mort de ses collections au Musée du Château des Rohan à Saverne, qui contient une section lui étant consacrée. Elle lègue également sa correspondance et ses manuscrits à la Bibliothèque nationale et ses livres à la Bibliothèque nationale universitaire de Strasbourg. Louise Weiss décède le 26 mai 1983, à l’âge de 90 ans. Sur sa tombe est écrite l’épitaphe qu’elle-même avait rédigée :

« Ci-gît Louise l’européenne, Française du XXe siècle, Une aristo prolo, Une impie respectueuse, Les femmes diront qu’elle a voulu faire l’ange, Les hommes protesteront qu’elle a fait la bête ».

Depuis 1999, le bâtiment principal du Parlement européen porte son nom.


Photo : 1982, Louise Weiss, Piet Dankert, Simone Veil © Parlement européen
Photo : Louise WEISS durant la session plénière à Strasbourg en septembre 1980 © Parlement européen
 

Après la Première Guerre mondiale, Louise Weiss, comme beaucoup de jeunes de sa génération, est marquée par les milliers de morts et l’ampleur des destructions.
Initiée aux nouvelles conditions géopolitiques de l’Europe par ses amis tchèques et slovaques (Bénès, Stefanik…), elle fonde en 1918, à l’âge de 25 ans, une revue de politique internationale, l’Europe Nouvelle, qu’elle dirige entre 1920 et 1934. Les articles, rédigés par les plus grands noms politiques et universitaires, traitent des questions économiques, diplomatiques et littéraires.

En 1924, elle rencontre Aristide Briand à l’Assemblée générale de la Société des Nations (SDN) à Genève. Dans sa revue, elle soutient sa politique en faveur de la paix (rapprochement franco-allemand et désarmement) et défend les idées sur la construction européenne (mémorandum sur l’Union fédérale européenne et projet d’Union européenne). Elle surnommera Briand « le Pèlerin de la Paix ».

En janvier 1934, dans un contexte international défavorable à son combat en faveur de la paix (avènement du nazisme en Allemagne), elle démissionne de l’Europe nouvelle. En 1940, elle entre dans la Résistance sous le surnom de Valentine et participe à la rédaction du journal clandestin Nouvelle République. Après 1945, elle envisage de reprendre la publication de sa revue et entreprend des voyages sur les continents américain, africain et asiatique.

En 1979, à l’âge de 86 ans, elle est élue aux premières élections européennes au suffrage universel direct du Parlement européen sur la liste gaulliste. Lors de la séance d’ouverture, qui a lieu le 17 juillet 1979, elle prononce en sa qualité de doyenne un discours où elle salue la mémoire des Européens qui l’ont précédés. Pour l’avenir, elle distingue trois problèmes essentiels : l’identité, la natalité et la légalité. Enfin elle lance un appel à l’unité en déclarant : « L’Europe ne retrouvera son rayonnement qu’en rallumant les phares de la conscience, de la vie et du droit ». Rentrée dans le rang des députés de 1979 à 1983 (année de sa mort à 90 ans), elle est membre de la commission parlementaire Culture, Jeunesse et Sport. Elle imagine notamment la création d’une Université européenne, envisage l’échange généralisé de professeurs ou projette de créer à Strasbourg un Musée de l’idée européenne. Ainsi, beaucoup de réalisations de l’Union européenne ces dix dernières années portent sa trace.

Photo : 1982, Election de Piet DANKERT à la présidence du Parlement européen © Parlement européen
  • Sur l’Alsace et Strasbourg :

« L’Alsace avant 1914 était un lieu de pèlerinage pour les Français que l’administration allemande avait chassée de leur chère province »

« Mon père qui était né à Strasbourg, en était parti à trois ans. Il retournait chaque année au pays de ses ancêtres et, généralement, nous emmenait avec lui ».

« Toute la famille gravissait en vélo le col de la Schlucht. Arrivés au sommet, ils cassaient la croûte à la borne frontière, tandis que le père montrait la plaine, le cours supposé du Rhin, la silhouette de la Forêt Noire et, d’un geste fervent, pointait sa canne ferrée dans la direction de Strasbourg, imaginant qu’il apercevait, autrement que par les yeux de l’esprit, la cathédrale de grès rose à l’ombre de laquelle il avait joué enfant ».

« C’est à Strasbourg que l’esprit européen est le plus ouvert et le plus pur ».

  • Sur l’Europe :

En termes concrets, elle évoque le problème d’identité, « non pas d’identité entendue comme similitude, mais d’identité comprise comme perception profonde de soi. L’insuffisante participation de l’électorat européen à la consultation qui nous a créés prouve combien il est urgent de le résoudre. Impossible de concevoir une Europe sans Européens. […] Les institutions communautaires ont fait des betteraves, du beurre, des fromages, des vins, des veaux, voire des cochons européens. Elles n’ont pas fait d’hommes européens.
Ces hommes européens existaient au Moyen Âge, à la Renaissance, au siècle des Lumières et, même, au XIXe siècle. Il faut les refaire.
Déjà la jeunesse s’en charge, circulant sac au dos, ignorant les frontières. Déjà les villes jumelées ont créé un réseau d’hommes et de femmes allergiques aux conflits passés et qui se savent liés au destin de leur continent. Mais dans leur ensemble, les écoles ne suivent pas, en dépit de réalisations exceptionnelles, telles à Bruges […] ».
[Extraits du discours prononcé lors de la séance d’ouverture du Parlement européen élu au suffrage universel direct le 17 juillet 1979, en qualité de doyenne d’âge. Le texte intégral du discours de Louise Weiss est conservé par le service des archives du Parlement européen à Luxembourg].

« L’Europe ne retrouvera son rayonnement qu’en rallumant les phares de la conscience, de la vie et du droit ».

  • Sur les femmes :

« Je ne regrette qu’une chose : de ne pas m’être présentée comme candidate aux élections présidentielles »

« Une brune aux yeux de braise entra un jour dans notre boutique (siège de l’association La Femme nouvelle) et s’offrit à nous aider : J’espère que mes références vous paraîtront suffisantes, nous dit-elle. J’ai tué mon mari ».

« Je vous admire, mesdames, non contentes d’avoir attiré un homme dans votre lit, exploit qui aurait comblé bien des femmes, vous, vous en avez attiré deux, deux officiellement, grâce soit rendue à vos charmes et vous disposez donc de deux voix, celle de votre défunt mari et celle de votre mari » (Discours de Louise Weiss aux veuves de guerre remariées).

Photo : buste de Louise WEISS, Parlement européen, Strasbourg © Parlement européen

 

La Fondation Louise Weiss

En 1971, Louise Weiss crée la Fondation Louise Weiss et un prix annuel destiné à récompenser les auteurs ou les institutions ayant le plus contribué à l’avancement des sciences de la paix, à l’amélioration des sciences humaines et aux efforts en faveur de l’Europe. Le Conseil Scientifique de la Fondation Louise Weiss attribue ce prix chaque année. Parmi les lauréats : Helmut Schmidt (1977), Anouar el Sadate (1980), Simone Veil (1981), Jacques Delors (1988), Vaclav Havel (1990) et Adrien Zeller (1998).

Un Musée Louise Weiss à Saverne

Dans l’aile droite du Château des Rohan à Saverne se trouve le Musée Louise Weiss où sont rassemblées les collections de Louise Weiss, léguée à la ville de Saverne peur avant sa mort. Ces collections comprennent près de 600 objets d’art, peintures et objets ethnographiques ainsi que des archives personnelles.

Une rose dédiée à Louise Weiss

En 1993, à l’occasion du centenaire de la naissance de Louise Weiss, un hommage lui a été rendu avec le baptême, dans la roseraie de Saverne, d’une rose « Louise Weiss » par Catherine Lalumière, alors Secrétaire générale du Conseil de l’Europe. Tous les droits concernant cette rose de couleur jaune ont été transférés à la Roseraie de Saverne.

  • Ouvrages politiques
    – La République Tchécoslovaque, 1919
    – Milan Stefanik, Prague 1920
  • Ouvrages biographiques
    – Souvenirs d’une enfance républicaine, Paris, 1937
    – Ce que femme veut, Paris, 1946
    – Mémoires d’une Européenne, Paris 1968-1976
  • Romans
    – Délivrance, Paris 1936
    – La Marseillaise, TI et II Paris ,1945; T. III Paris 1947
    – Sabine Legrand, Paris 1951
    – Dernières Voluptés, Paris, 1979
  • Pièces de théâtre
    – Arthur ou les joies du suicide
    – Sigmaringen ou les potentats du néant
    – Le récipiendaire
    – La patronne
    – Adaptation des Dernières Voluptés
  • Essai sociologique
    – Lettre à un embryon, Paris 1973
  • Art, Archéologie et folklore
    – Contes et légendes du Grand – Nord, Paris, 1957
  • Récits de voyage
    – L’or, le camion et la croix, Paris,1949
    – Le voyage enchanté, Paris, 1960
    – Le Cachemire, Les Albums des Guides Bleus, Paris, 1955

Quelques suggestions de lectures sur Louise Weiss

 

 

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